31 mars 1889. La Tour Eiffel est achevée, et s’élève au cœur de Paris, au-dessus du Champs-de-Mars. Une construction pharaonique de plus de 300 m et de trois étages, réalisée en un temps record pour l’époque : deux ans, deux mois et deux jours – le premier coup de pelle a été donné le 28 janvier 1887. Cette immense structure métallique a été imaginée par l’ingénieur Gustave Eiffel, pour l’Exposition Universelle de 1889 de Paris.
Pour réussir cette prouesse, il aura fallu plus de 18 000 pièces métalliques, 5300 dessins d’atelier, 50 ingénieurs et dessinateurs, 150 ouvriers dans l’usine Eiffel de Levallois-Perret, 2,5 millions de rivets, 7,3 tonnes de fer, 60 tonnes de peintures et 5 ascenseurs. En tout, le chantier a employé 250 personnes. La tour passera de 300 à 324 m quelques années plus tard, lorsque furent installées des antennes radio. Ce sera la tour la plus haute du monde jusqu’à la construction du Chrysler building, à New York, 1930.
Des chiffres qui illustrent bien le gigantisme de l’ouvrage, qui a suscité bien des polémiques à l’époque. Artistes et intellectuels dénigrent ce qui deviendra le symbole de Paris, avant même sa construction. Ainsi, dès le 14 février 1887, de grands noms des arts et des lettres tels que Guy de Maupassant, Victorien Sardou ou Alexandre Dumas fils signent, dans le journal Le Temps, une « Protestation contre la tour de M. Eiffel », adressée à M. Alphand, directeur des travaux de l’exposition. Léon Bloy, essayiste, qualifie par exemple l’ouvrage de « lampadaire véritablement tragique ».
Sauf que le succès populaire de la Tour Eiffel fait rapidement taire les critiques. Ne serait-ce que pendant la durée de l’Exposition Universelle, la Dame de Fer enregistre pas moins de deux millions de visiteurs. Elle en compte, aujourd’hui, 6,9 millions par an. Elle est inscrite aux monuments historiques depuis 1964 et au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991. Plus personne n’oserait toucher à la Tour Eiffel !